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Une histoire un peu timbrée…
celle du bureau de poste !
A la fin du 19ème siècle, la progression étonnante du chemin de fer a révolutionné, non seulement le transport des marchandises, mais aussi l’acheminement du courrier.
Fors, desservi par le train de la ligne Chartres – Bordeaux, dépendait du bureau de poste de Prahecq et comme toute commune sans établissement postal, était muni d’une boîte aux lettres.
La création du bureau de poste de Marigny, en juin 1892, aurait pu être intéressante pour Fors, mais le chemin d’accès était souvent impraticable, alors que la liaison avec Prahecq se faisait régulièrement pour aller chez le médecin, à la laiterie, aux foires…
Le téléphone n’existait pas encore dans les Deux-Sèvres, mais le télégraphe, utilisé par les Postes depuis 1877, permettait un contact rapide avec l’extérieur. L’idéal pour Fors aurait été d’avoir son propre bureau. La population comptait 690 habitants dont 537 dans la partie agglomérée. Bien que durement éprouvée par le phylloxéra, la commune prenait de l’importance grâce à son admirable situation sur la voie ferrée et surtout depuis l’installation dans les années 1890 d’importants magasins pour les alcools rue de la gare avec ses deux logements (la villa Sainte-Marie pour le propriétaire -appelée communément depuis le château- et la villa Sainte-Agnès pour le responsable de la distillerie).
Ces magasins appartenaient à Messieurs G. & E. Lefebvre Frères, négociants à Tourcoing, et l’installation d’un bureau de poste sur place les intéressait tout particulièrement pour leurs commerces. Aussi proposèrent-ils à la commune de Fors de prendre en charge tous les frais résultant de cette création. C’était inespéré, car une commune désireuse de créer son bureau de poste devait en assumer toutes les dépenses tant que l’État ne le jugeait pas suffisamment important pour le prendre à sa charge.
Ainsi donc, suite à la signature, en juin 1893, d’une convention passée entre la commune de Fors et Mrs Lefebvre, le bureau de poste et le logement du facteur-receveur furent installés dans un immeuble de la distillerie, avec l’accord de l’administration des Postes.
En septembre1893, le bureau des Postes et Télégraphes de Fors fonctionnait !
Trois ans après, il était suffisamment important pour être repris par l’État, libérant ainsi Mrs Lefebvre d’une partie de leurs engagements.
Fallait-il changer le local ? Les propriétaires acceptant de le louer à l’administration des Postes et d’y apporter les aménagements demandés pour être conforme aux règlements, le bureau fut maintenu à la distillerie.
Le Château de la distillerie des frères Lefebvre.
Tout marchait bien ! La distribution des télégrammes, d’abord limitée à la partie agglomérée, s’étendait aux « faubourgs » de la Douve, la Planche et le Plan de la cour. L’indemnité du facteur fut même augmentée par surcroît de travail.
Et voilà qu’en août 1904, la direction des Postes demande de nouvelles modifications du local. Mrs Lefebvre refusèrent tout en bloc : la location de leur immeuble et le versement de l’indemnité du facteur-receveur qu’ils continuaient de payer depuis l’ouverture du bureau. La tuile ! Plus de local : il fallait trouver un autre immeuble à louer aux Postes. Plus d’indemnité au facteur-receveur : voilà qui était fâcheux ! Ce n’était pas prévu au budget de la commune. Or, sans indemnité, pas de facteur, et sans facteur, pas de service postal.
Que faire ? Il existait bien un point litigieux dans la Convention de 1893, mais il ne pouvait être tranché que par décision de justice.
Le souci de la commune étant de ne pas compromettre la bonne marche du bureau de poste, elle décida de prendre à sa charge l’indemnité du facteur-receveur et de chercher auprès des habitants de Fors un autre local en les faisant prévenir « à son de caisse ». Aucune proposition ne se présentant, il ne restait plus qu’une solution : construire le nouveau bureau de Poste.
L’emplacement retenu était un chemin abandonné et inutilisé depuis l’installation de la voie ferrée et situé près de la maisonnette du P.N. 348 (située rue de l’infirmerie à la jonction avec la rue de la poste, de la gare et de la mairie). C’était un peu juste pour la construction projetée, aussi la commune entreprit d’acquérir l’excédent de terrain contigu, propriété des Chemins de fer.
Il ne restait plus qu’à faire établir les plans et devis. Tout allait bien ? Pas vraiment. La Compagnie des Chemins de fer refusa de vendre l’excédent de terrain : proche d’un passage à niveau, il pouvait lui être utile.
S’ajoutant à cela, une pétition fut adressée à la Préfecture. Elle faisait mention des risques d’accidents dus aux encombrements qui se produisaient au passage à niveau et contestait donc l’emplacement choisi. Le petit nombre de signataires (onze) ne lui donna pas de valeur.
Le conseil municipal passa outre, trouva finalement un terrain d’entente avec la Compagnie des Chemins de fer grâce à l’intervention du député M. Gentil, et put enfin procéder à l’adjudication des travaux. La réception provisoire eut lieu en juin 1906.
Le bureau de Poste (près du passage à niveau)
Le bureau de Poste dans les années 1990
Dans les années 1990, sous la mandature de Rémi Chauveau, le conseil municipal, parallèlement au projet d’aménagement de la mairie, décida la construction d’un nouveau bureau de poste attenant à celle-là. En effet, suite à une demande de la Direction des PTT, il s’avérait que le bureau de Poste et son logement, datant de près de 90 ans, ne correspondaient plus aux besoins. Ce projet connut quelques déboires en début d’année 1994 : en effet, après une première acceptation, l’administration des PTT voulut réviser sa participation sur le financement de cette nouvelle construction.
Après quelques difficiles réunions avec les représentants de ce service public, un nouveau projet fut élaboré. Un bureau de poste, d’une surface légèrement réduite par rapport à l’étude initiale, fut mis en chantier lors du second semestre 1994.
D’un coût de 230 909,15 francs, la participation des PTT s’élevait à 45 000 francs et le loyer annuel fut évalué à 8 350 francs.
En parallèle à cette ouverture en 1995, l’ancien bâtiment du bureau de Poste, situé près du passage
à niveau, restait le logement de fonction du receveur des Postes. Au départ de ce dernier, la municipalité le conserva pour en faire un logement locatif communal.
1994 – Construction du nouveau bureau de Poste attenant à la Mairie
Dès 2005, moins de 10 ans après l’ouverture de ce nouveau bureau de poste, l’administration fit savoir au conseil municipal son intention de profonde réorganisation de son réseau au niveau national et de fait sur l’ensemble des bureaux de la région. De nombreuses modifications d’horaires interviennent alors, ne favorisant pas l’attractivité et le développement du bureau local.
Le 18 janvier 2007, lors d’un conseil municipal, les responsables de l’administration postale présentèrent à l’assistance « la nouvelle Poste » dont les volontés sont clairement commerciales, ce qui entraînerait à court terme la fermeture d’un certain nombre de bureaux de poste non rentables, dont le bureau de Fors. La Poste souhaitait donc que soit mise en place une Agence Postale. Les représentants présents proposèrent à la commune de signer une convention d’un an. Celle-ci signifiant la disparition du bureau de poste à la fin du délai, la commune refusa de la signer.
Le conseil municipal s’opposa farouchement à la fermeture du bureau de poste de Fors : il pensait que la Poste devait assumer son choix et ne pas le faire supporter par les élus. Afin d’en discuter plus longuement, les élus préfèrent le mettre à l’ordre du jour d’une prochaine réunion.
Le maire et le conseil municipal renouvelèrent le souhait déjà exprimé en 2005, à savoir que le bureau de Poste de Fors devait rester ouvert pour les raisons énoncées alors :
La municipalité souhaite conserver le bureau de poste de Fors tel qu’il fonctionne aujourd’hui, afin que les usagers puissent bénéficier d’un service public digne de ce nom, d’autant plus que la population de Fors connaît un accroissement régulier.
Elle refuse de cautionner et de participer même indirectement au démantèlement du service public en milieu rural, sachant que ce problème a fait l’objet d’une circulaire gouvernementale du 03 mars 2005 qui demande expressément de « renoncer à toute réorganisation entraînant une suppression ou une réduction significative du service public en milieu rural, sauf accord des élus concernés ».
La mise en avant de la rentabilité du service postal en mettant l’accent sur les services financiers est contraire au fonctionnement et à l’éthique du service public dont trois des règles d’or sont l’égalité de l’usager devant le service public, la proximité du service et sa pérennité.
Le 6 Novembre 2007, Michel Brault, Maire, fit part à son conseil municipal des différents contacts avec le directeur des ventes de la poste des Deux-Sèvres, Mme Bertineau. Cette dernière l’informa de sa volonté de fermer le bureau de poste de Fors – pas assez rentable- à cause d’une sous activité (6 h 30 de travail effectif pour 16 h d’amplitude d’ouverture). Dans un premier courrier du 18 octobre 2007, Mme Bertineau l’informait que la Poste souhaitait l’ouverture d’une agence postale communale ou qu’un commerçant devienne Relais Poste. Dans un second courrier, daté du 25 octobre 2007, Mme Bertineau avisait M. Brault qu’un commerçant de la commune était tout à fait disposé à ouvrir un Relais Poste dès le 1er janvier 2008.
Sachant que la Poste mettait la commune devant le fait accompli pour ce qui concernait la fermeture du bureau de poste et ne laissait aucune autre alternative à la commune que l’ouverture d’une agence postale communale ou d’un relais Poste commerçant, le Maire et le conseil municipal renouvelèrent la prise de position déjà exprimée en 2005 et en janvier 2007 et décidèrent à l’unanimité d’en faire part à Madame la directrice des ventes.
C’est pourquoi ils prenaient acte de la décision unilatérale de la Poste de Niort et décidaient d’écrire à Mme Bertineau pour réaffirmer leur position. Le courrier fut adressé à la Poste de Niort le vendredi 9 novembre 2007.
Cette bataille était perdue d’avance : le 31 janvier 2008, le bureau de poste fermait définitivement ses portes. Dans sa grande largesse, la Poste signait une convention de résiliation stipulant son accord de versement à la commune d’une indemnité pour solde de tout compte, d’un montant de 169,71 €, réglant ainsi son loyer indexé au 01/01/08 pour la période du 01/02/08 au 11/03/08.
Afin d’assurer le service minimum au niveau postal, Monsieur Labracherie, propriétaire du tabac/journaux situé Grand’Rue ouvrait dans son échoppe un relais-poste commerçant.
1893 / 2008 : 115 années plus tard, le bureau de poste de FORS n’existait plus !
2008 – Extrait de la convention de résiliation du bail entre la Poste et la commune de FORS.
Le 21 septembre 2009, la télévision nationale s’intéressait à cette fermeture, et le nouveau Maire, Alain FORT, expliquait devant les caméras de France 2 l’impuissance des élus face à la farouche volonté des services de la Poste. Le reportage sera diffusé au journal de 13 heures le lendemain.
En début d’année 2010, le bureau de Poste désaffecté, jouxtant la mairie, est aménagé. Une porte entre les locaux de l’accueil de la mairie et cet ancien bureau est créée, permettant ainsi d’y installer le bureau du Maire. Afin d’assurer un meilleur service aux administrés en terme d’accueil et d’accessibilité, le pôle accueil a aussi été repensé. Ce sont les agents communaux qui ont réalisé l’ensemble de ces travaux pour un coût estimé à 10 000€ (mobilier compris). La mise en fonction de ces nouveaux bureaux rénovés intervient le 3 mai 2010.
En janvier 2011, suite au décès du locataire du logement communal de l’ancienne poste, le logement est inoccupé. Lors du conseil municipal du 30 août, il est rapporté qu’au regard de l’insalubrité de ce logement demandant d’importants travaux de réfection, ainsi que des impayés de loyer depuis de longs mois et non recouvrables, la commission bâtiment doit mener une réflexion sur l’avenir de ce logement.
Le 19 octobre 2011, complété par une délibération du 24 janvier 2012, le conseil municipal décidait la mise en vente de ce bien. Lors de la délibération du 20 novembre 2012, les élus acceptaient une proposition de vente au prix de 44 000 euros. De la poste de l’année 1906 subsistera seulement le nom de la rue.
Depuis cette date, l’agence postale a bien voyagé dans la commune, mais continue tout de même d’assurer le minimum de services aux habitants. En effet, après la fermeture du tabac/presse de la Grand’rue, le relais-poste commerçant est transféré en 2013 au magasin d’alimentation « COOP » rue de l’infirmerie.
Fin janvier 2015 ce magasin, lui aussi, cessait son activité et les services postaux sont assurés vers la fin avril 2015 par le magasin de couture, situé rue de l’église et tenu par Maud Babin-Forage. (On note dans le compte rendu du conseil municipal du 26 mars 2015 que ce point poste peut recevoir le vélo électrique du facteur. On peut en déduire que même si les services de la poste n’évolue pas pour les administrés, la Poste, elle, évolue.)
Cette échoppe fermera aussi et depuis le 4 février 2019, c’est le Garage Rabault qui assure le service de relais-poste commerçant aux habitants.
Juste pour l’anecdote, on peut remarquer que 126 ans après la création de la Poste, cette dernière se retrouve dans la même rue, à savoir la rue de la gare. Faudra-t’il un jour débaptiser la rue de la gare en rue de la poste ? Devrons-nous imposer ce choix cornélien à nos élus ? Sachant qu’à l’époque de la distillerie, il n’y avait pas encore de nom de rue et qu’au regard du cadastre Napoléonien, cette dernière a été construire sur la pièce de la Papinotrie.
Extrait CADASTRE-NAPOLEONIEN Section C2 dite de la Chauvinière
Lieu : Fors (Deux-Sèvres, France)
Une solution, plus simple peut-être : demander de baptiser le garage Rabault sous le nom de « relais de la poste. ». Mais nous avons le temps, inutile de faire diligence !
Septembre 2020.
Alain FORT
Avant de retrouver la commune de Fors dans la saison 2022-2023, découvrez le programme de janvier-juin 2022 sur www.scenesnomades.fr